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A propos du film de Peck: ce n’est pas l’assistance qui soit mortelle, mais l’absence de leadership qui tue!

Je viens de visionner le dernier film de Raoul Peck sur Haïti: Assistance Mortelle. Bonne réalisation sur la forme. Mais sur le fond, je ne partage pas sa vision de culpabiliser en premier plan la communauté internationale en reléguant en arrière plan la responsabilité haïtienne.  Ce n’est pas l’assistance qui soit mortelle, mais l’absence d’un  leadership haïtien pour apporter des réponses haïtiennes aux problèmes haïtiens créés par eux mêmes consciemment ou non.

Je comprends certes qu’il y a cette grosse machine qui fonctionne qui a plus à voir avec les pays donateurs que les pays receveurs.  Je crois aussi qu’il est de la responsabilité des pays receveurs de définir les règles du jeu et d’assumer leurs responsabilités d’échec et de réussite.

Je crois que ce dernier aspect autour de la responsabilité locale donnerait beaucoup plus de poids à ce documentaire.  Il est toujours beaucoup plus facile de pointer du doigt l’autre, de  dénoncer la machine du viol collectif que d’assumer nos responsabilités et faire face aux défis imposés par le cours de la vie.

Je me rappelle d’une peinture populaire dessinée sur les murs de l’Ecole Nationale des Infirmières à la rue Monseigneur Guilloux en face de la rue Joseph Janvier qui peignait une image de la carte d’Haïti  au fonds d’un verre entrain d’être sucée au chalumeau par les Etats-Unis, la France, l’Espagne etc… C’était la belle époque des concerts de Manno Charlemagne pour des étudiants de la FENEH qui dénonçaient la malfaisance du Blanc américain, ou de l’hebdomadaire Haïti Progrès qui, dans ses pages du milieu, présentait le plan américain pour Haïti.

Ce film vient s’ajouter à cette collection d’oeuvres artistiques et contenus d’informations qui nous font voir les “causes de nos malheurs¨ chez les autres. Il faut arriver à répondre à la question comment les Haïtiens peuvent-ils  prendre le contrôle de leur situation et ne pas assumer d’avance que nous ne pouvons pas parce que nous sommes trop concentrés à la survie quotidienne, trop empêtrés ou paralysés par la violence du passé.

Ce film est un bon point de départ pour notre éducation au leadership et de construction de nos communautés. J’espère le voir projeter un peu partout sur tout écran, grand et petit, et susciter la conversation. Mais une conversation à partir de nous mêmes en comprenant nos erreurs, en assumant nos responsabilités tout en comprenant la responsabilités des autres.

Mes héros dans ce film sont Jean Michel Dorville et Pierre Simon, représentants de Corail,  Jean-Ronald Mérisma, un représenant du quartier populaire de l’ONAVille, qui dans une réunion avec le Président René Préval et le Premier Ministre Jean-Max Bellerive demandent ouvertement ¨pourquoi les étrangers font ce qu’ils veulent dans le pays¨et ¨pourquoi le Chef de l’Etat arrive à accepter tout ca¨?

La réponse: ¨Vous savez que notre Etat n’est pas fort. L’Etat est faible¨.  Fort et /ou faible par rapport à quoi et/ ou qui? En fait, L’Etat est fort. Son chef peut exercer un leadership fort ou faible.

Je ne vais pas m’attarder sur des réponses personnelles. Mais disant en passant que l’absence de leadership était total. Du moins pour ce que nous avons vu dans ce documentaire.

Il ne s’agit pas seulement de l’équipe Préval/Bellerive, mais aussi de la nouvelle administration. Je regarde la scène pour des tractations devant financer le projet 16/6. Clément Bélizaire, notre kéké, assiste aux discussions entre les représentants du PNUD et de la CIRH. Les discussions sont vives entre les deux parties sur un overhead de 5.8 millions de dollars qui ne sont pas justifiés. Il est assis entre les deux parties, comme s’il n’est pas concerné, se contente de verser du café dans sa tasse, boit et re-boit , le regard fuyard vagabondant en l’air.

Voici le vrai problème. Nous ne sommes pas vraiment présents dans la gestion de nos affaires. Nous acceptons des demi-vérités et préjugées. Notre combat, et c’est pourquoi, j’aime ce film, c’est d’arriver à nous assumer, accepter et jouer nos rôles.

Bravo à Raoul Peck et à son équipe pour cette réalisation. Que ce film soit un outil d’éducation au leadership. Qu’il soit diffusé un peu partout et surtout initier de nouvelles conversations dans nos communautés.

http://www.rooseveltjeanfrancois.com

@rooseveltjf

 

 

 

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