Un collègue qui suit comme moi le cours « Minority and Diversity Studies» à FAU travaille sur un projet de mémoire sur Anténor Firmin et ses idées libérales. Je lui ai parlé du livre de Daniel Gérard Rouzier sur Anténor Firmin et Leslie Delatour. Et grande a été ma surprise ce vendredi soir de rencontrer Daniel Rouzier au vernissage des oeuvres de Philippe Dodard à la librairie centrale de Broward en Floride. C’était en 2008!
Rapidement, j’ai fait part à Daniel du projet de mon ami. Et nous avions entamé une conversation sur Firmin , ses idées, Haïti et les Etats-Unis.
Debout entre deux Dodards accrochés aux cimaises de la librairie centrale et dans une ambiance très décontractée et éclectique, nous avions fait le tour des grandes idées ayant dominé l’histoire haïtienne.
Daniel m’apprend rapidement que le livre classique d’Anténor Firmin « De l’égalité des races humaines » figure parmi les livres à lire dans les classes d’économie de l’Université d’Oxford. Il cite également un autre texte de Firmin « Le président Roosevelt et Haïti » qui pourrait être très utile pour ce travail de recherche académique.
Il me cite l’un des maitres à penser de Firmin : Boyer Bazelais
L’un des points qui m’est venu à l’esprit au cours de cette conversation est le fait que les Etats-Unis ont connu eux aussi des moments de crise qui ont abouti également à des assassinats et des guerres civiles mais que ce pays a toujours su trouver un leadership et des leaders nécessaires qui ont toujours fait la différence à des moments difficiles et périlleux. Je cite Abraham Lincoln pour la guerre de scécession, Marthin Luther King pour la lutte pour l’émancipation, John FitzGerald Kennedy. J’ai même osé comparer Washington et Dessalines qui tous deux ont eu un parcours de militaire et de premier chef d’Etat d’Haïti et des Eats-Unis.
Daniel sourit. Ses yeux deviennent plus perçants et son verbe plus fluide.
« Il ne faut pas voir les hommes, me dit-il mais la machine qui les produit. Dessalines était terrassé par la haine et son entourage était encore pire. Tout le monde avait peur de lui et ses proches ne flattaient que ses bas instincts et ses passions. Mais, Washington avait à ses côtés une équipe avec les autres fondateurs Adams, Jefferson, Madison etc. »
Après l’assassinat de Marthin Luther King, m’apprend-il, un de ses proches Andrew Young était convié à intégrer une commission d’enquête sur sa mort. Young a décliné arguant que ce n’était pas de sa compétence pour chercher qui sont les coupables du crime et qu’il avait comme devoir de poursuivre le rêve du pasteur King de conduire les noirs vers l’émancipation.
C’est un signe de confiance dans le système et de ne pas perpétuer des revanches passionnelles.
Daniel me cite en exemple le cas de Charéron qui devait rédiger la première constitution de l’Etat indépendant d’Haïti. Comme secrétaire de Dessalines, Charéron s’est inspiré de la constitution américaine et de ses valeurs républicaines. Le texte de Charéron a été mis de côté pour celui de Boisrond Tonnerre, un autre secrétaire de Dessalines, plus zélé avec ses idées revanchardes contre les anciens colons.
Daniel me dit : « Il faut avoir le coeur à la bonne place ». En ce sens, il faut être animé des bonnes attitudes.
Et pour lui, c’est tout le problème du pays aujourd’hui : « avoir son coeur à la bonne place ».
Daniel m’informe qu’il travaille sur un livre à paraitre le mois prochain sur le leadership. Son leader modèle est Jésus-Christ qui nous a appris à servir avant d’être servi et à aimer les autres.
Il m’a donné en exemple des “focus groups” sur le leadership qu’il a organisés avec des responsables politiques et des tribuns de la société pour les inviter à réfléchir sur leur croissance personnelle. Avec des femmes de plusieurs quartiers de Port-au-Prince, les “focus groups” réfléchissent et commentent des textes de Platon, etc…
J’ouvre une parenthèse sur le business. Cette année, le pays a vendu près de 2000 véhicules neufs. Beaucoup plus que l’année passée mais beaucoup moins qu’il y a 6 ans.
Et Sun Auto se porte bien. Ce qui me réjouit.
Nous nous sommes donné l’accolade au plaisir de nous revoir dans les mêmes sentiments.
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